Marguerite Yourcenar

Toi le frelon et moi la rose,
Toi l’écume et moi le rocher;
Dans l’étrange métamorphose,
Toi le Phénix, moi le bûcher.
Toi, le Narcisse, et moi la source;
Mes yeux reflétant ton émoi;
Toi le trésor et moi la bourse;
Moi l’onde et le nageur en moi.
Et toi, la lèvre sur la lèvre,
Toi la langueur berçant la fièvre,
La vague aux vagues se mêlant.
Mais quel que soit le tendre jeu,
Toujours l’âme en feu s’envolant,
Bel oiseau d’or, en plein ciel bleu.
